𝔒𝔲𝔟𝔩𝔦𝔢𝔷 𝔱𝔬𝔲𝔱 𝔠𝔢 𝔮𝔲𝔢 𝔳𝔬𝔲𝔰 𝔭𝔢𝔫𝔰𝔢𝔷 𝔰𝔞𝔳𝔬𝔦𝔯
𝔡𝔢𝔰 𝔳𝔞𝔪𝔭𝔦𝔯𝔢𝔰 𝔢𝔱 𝔢𝔪𝔟𝔯𝔞𝔰𝔰𝔢𝔷 𝔩𝔢 𝔠𝔬𝔫𝔱𝔢 𝔡𝔢 𝔩𝔢𝔲𝔯𝔰 𝔬𝔯𝔦𝔤𝔦𝔫𝔢𝔰,
𝔩𝔢 𝔠𝔞𝔭𝔯𝔦𝔠𝔢 𝔡𝔢 𝔩𝔞 𝔏𝔲𝔫𝔢.
Le Soleil et la Lune ont toujours régné ensemble sur le ciel. Lui, le jour, où il contemplait la vie et tout ce que sa lumière avait créée, elle, la nuit, où sa lueur rassurait sur tout ce qui était endormi et inspirait les rares éveillés.
Il arrivait parfois à la Lune de s’ennuyer pendant son règne dominé par le sommeil, le silence et la sombreur, alors elle venait volontiers rendre visite au Soleil pendant le sien afin de jouir des couleurs, des odeurs et de la clameur. Parfois, Il lui cédait son trône et brillait dans son ombre pour que sa beauté pût être adorée.
Ils prospérèrent dans un parfait équilibre pendant des millions d’années… jusqu’à ce que l’Homme ne fît son arrivée.
Les astres aimaient toutes les êtres de la nature, quoiqu’ils avaient une affection toute particulière pour ceux du règne animal, dont la complexité ne cessait de les enchanter. Mais lorsque l’Homme foula la terre, tout changea. Sa différence les fascina dès ses premiers pas. Il ne se contentait pas d’agir en laissant libre court à ses instincts, il apprenait, il anticipait et faisait preuve d’autant de curiosité que d’ingéniosité. Puis, l’impensable se produisit. Il commença à montrer de l’intérêt pour eux, à les reconnaître, à les vénérer et essayer de les comprendre comme aucun autre être ne l’avait fait auparavant. Alors la Lune voulut en apprendre plus sur cet enfant prodigieux.
Il marchait sous la bénédiction du Soleil et amendait ses connaissances jour à après jour pour mieux appréhender le vaste monde qui l’entourait et en résoudre toutes les énigmes, tandis qu’à la nuit tombée, il se réfugiait dans le sommeil en attendant l’aube et ses promesses. Toutefois, il ne tarda pas à trouver un moyen de dompter l’obscurité, et bientôt, le peu de visites que cet enfant rendit à la Lune furent souillées de tristes intentions. Elle, qui avait veillé sur ses songes, était devenue la complice de ses vices et de sa corruption.
Ne supportant plus d’être bafouée et délaissée, elle demanda à ce qu’on lui offre un enfant qui saurait la combler. Le cosmos entendit ses prières, et lui donna alors un enfant doté d’une grande beauté, d’une force inégalée, d’un esprit acéré et d’une invulnérabilité caressant l’immortalité pour ne plus jamais avoir à se sentir seule quand venait son règne nocturne.
Mais son ravissement fut de courte durée, puisqu’à l’éveil de son premier né, elle découvrit une terrible contrepartie. Son enfant, pour rester éternellement à ses côtés, devait se nourrir du sang de celui dont il était inspiré et fuir les grâces du jour au risque de finir calciné.
Par son caprice, elle avait créé un être dont l’impétuosité dépassait celle qu’elle avait réprouvée. Par son caprice, elle avait condamné sa descendance à dépendre de celle qu’elle avait dédaigné. Par ce caprice, l’enfant de la Lune ne pourrait vivre sans l’enfant du Soleil, et demeurerait à jamais dans son ombre [...]